BREAKING NEWS

! BREAKING NEWS ! Je quitte la Martinique à l'été 2022. N'hésitez pas à me solliciter pour programmer des rencontres dès la rentrée, je serai enchantée de vous retrouver !

vendredi 29 septembre 2017

la nouvelle Kumari




Népal : une fille de trois ans intronisée
nouvelle "déesse vivante"


C'est le titre d'un article, publié hier dans le journal Sud-Ouest.
Un article quasiment semblable à celui que j'ai lu il y a 8 ans, à ceci près que le visage de la petite fille était différent. 

Un article semblable à celui que l'on pourra lire dans 8 ou 10 ans, très certainement. 




Elle s'appelle Trishna Shakya et elle n'a que 3 ans






Tous les 8 à 10 ans, au Népal, une nouvelle petite fille est choisie pour incarner la Kumari royale de Katmandou. 
Conduite dans un palais alors qu'elle a à peine 3 ou 4 ans, elle y officiera en tant que statue vivante, sans parents ni enfants de son âge, sans aucun jeu ni distraction, jusqu'à ce que la première goutte de sang ne s'écoule de son corps.

Fascinante au premier abord, cette pratique millénaire est tragique. Sacrifiées sur l'autel de la tradition, ces petites filles sont utilisées comme des objets. L'incarnation de la déesse les détruit, tout simplement. Comment grandir sans le contact des autres enfants, sans l'apprentissage des gestes du quotidien ? Les pieds des Kumari ne doivent pas toucher le sol, on les lave, on les habille, on les fait manger. Elles sont tout mais ne font rien, . 
Et puis, brusquement, dès qu'elles sont réglées, elles sont rendues à la vie normale, à laquelle elles sont totalement inaptes. Bien souvent, les parents ne souhaitent pas les reprendre. Et il leur est difficile de trouver un mari, puisque la croyance veut que cela porte malheur d'épouser une ancienne kumari. 
Aujourd'hui, sous la pression d'ONG, elles ont droit à un semblant d'éducation pour "préparer" leur retour à la vie.

Il n'en reste pas moins que ces petites filles, à qui personne n'a jamais demandé leur avis, ne mèneront jamais une existence normale d'adulte.J'espère que Matina Shaky, la kumari déchue, s'en sortira. Elle a 12 ans. 


Il y a 8 ans, donc, je me rappelle de la fascination que j'ai ressentie à la lecture de l'article de journal. Immédiatement, j'ai ressenti le besoin d'écrire un roman sur le sujet. 
Ce furent plus de 4 mois de recherches documentaires en tous genre, puis 1 mois d'écriture intense, qui remplit mon appartement lyonnais d'effluves d'encens, de poussière ocre et de bruits de drapeaux bouddhistes claquant au vent. Une période très forte. 

Le Carnet rouge est ressorti cette année en poche (Casterman), et c'est donc aujourd'hui l'occasion d'en parler...et de le lire, de 13 à 81 ans ! 






[...]

C’était un matin de septembre semblable à tous les autres. La mousson ponctuait la journée de pluies saccadées. J’avais 14 ans.Alors que je me dirigeais dans la salle des audiences, j’ai senti quelque chose couler le long de ma cuisse. Je me suis retirée derrière un paravent brodé et j’ai soulevé mes robes. J’ai fixé le filet sombre pendant plusieurs secondes, sans comprendre. Puis j’ai réalisé que c’était le sang, le sang qui allait tout bouleverser.Je me suis demandée ce qui allait m’arriver. Qu’avait-on prévu pour les anciennes Kumaris ? Retournaient-elles dans leurs familles ? Allaient-elles dans une maison spécialement dédiée  aux anciennes déesses ? Je n’étais pas inquiète : on me vénérait, j’étais celle qui reconduisait le Roi et assurait la pérennité du Royaume. Rien de désagréable ne pouvait m’arriver. 

C’est là que je me trompais. Je n’étais pas une divinité, je lui prêtais simplement mon enveloppe corporelle. Elle m’utilisait. A la première goutte de sang versé, la déesse m’avait abandonnée,  pour s’incarner dans une nouvelle petite fille qu’on adulerait à ma place.
Dès que les prêtres apprirent l’apparition de mes menstrues, ils se mirent en quête d’une nouvelle Kumari.
Le lendemain, dès l’aube, on me reconduisit chez moi, toujours portée mais cachée des yeux de la foule. Nous cheminions dans les rues sombres et sales, traversant l’air humide et figé, sous les caquètements de quelques poules chétives. Ma tête était vide, ou à l’inverse trop remplie d’interrogations sur cet inconnu qui s’ouvrait devant moi.
Pour l’occasion, toute la famille s’était réunie devant la maison. Mes parents paraissaient à la fois émus et intimidés. On me fit descendre de ma chaise à porteur. Pour la première fois depuis dix ans, je posai le pied sur le sol. J’en fus écœurée.
Ma mère hésita avant de me prendre dans ses bras. Son étreinte me laissa froide. A part les quelques fois où elle avait été autorisée à me rendre visite, je ne l’avais jamais vraiment côtoyée. Je ne la connaissais pas.


 [...]

mercredi 27 septembre 2017

Ai wei wei

Il y a quelques jours, je suis retombée sur quelques images de la rétrospective Ai wei wei à Florence, qui s'est terminée en janvier 2017. 

Et puis j'en ai googlé d'autres. 









Vue d'installation, Kunsthal Charlottenborg, 2017. Gilets de sauvetage devant les fenêtres de façade.




Résultat de recherche d'images pour "ai wei wei"
A NY, des vêtements de réfugiés



Ai wei wei sur l'île de Lesbos




Je n'ai aucune idée de la manière dont on peut résoudre cette tragédie humaine et cela me bouleverse autant que cela m'enrage ou me décourage, selon les jours. 
La vie est une loterie, et tous ces hommes, ces femmes et ces enfants ont simplement eu la malchance de naître là-bas. C'est tellement injuste. Et si terrible, en tous temps mais encore plus aujourd'hui, dans un monde où l'on peut et sait faire tant de choses. 

Bref, ce que je voulais dire en ouvrant ce billet, c'est qu'en attendant, le fait que l'art et la culture continuent à se saisir de ce drame me semble essentiel. Garder les yeux ouverts, ne pas tomber dans l’indifférence, la banalisation...dans le ça :  

Arrondir à l’unité





Dans certains collèges où j'ai été invitée pour Sweet Sixteen ou un autre roman, le mot "Lampedusa" n'évoquait absolument rien pour certains élèves.
Alors en premier lieu, je crois qu'il faut savoir. Faire savoir.


Montrez à vos ados les oeuvres d'Ai wei wei, faites-leur écouter des chansons, comme celle-ci :  



  "Alors il y a les croisières Costa qui font des prix avec des gens qui boivent du champagne et pendant ce temps-là, très en dessous, au ras de la mer, il y a des chalutiers et des zodiacs qui coulent. Ou pas. C'est un truc qui me hante depuis fort longtemps". 
Bernard Lavillier


Faites les lire (il y en a plein d'autres, bien sûr)

Eldorado, de Laurent Gaudé
A ce stade de la nuit, M de Kerangal

La traversée, JC Tixier
Les échoués, Pascal Manoukian
Ceux qui passent, Hayde sabeyran


Et c'est le mien que je connais le mieux, bien entendu, puisque j'y ai passé tant de tant, à collecter des informations, à lire des témoignages d'Erythréens, à comprendre comment un seul homme a fait de son pays une caserne à ciel ouvert, un cimetière de gens vivants...

Refuges par Heurtier


des extraits ici





A mon avis, c'est en commençant par là qu'on suscitera l'envie de faire, ensuite. 
Même si on ne peut pas renverser Afeworki,
même si on ne peut pas sauver et accueillir chez soi tous les réfugiés
on peut faire, tout de même. Ce qu'on peut. Un peu. Pour moi, c'était un an de travail pour écrire ce livre, pour mettre des histoires de vie derrière des statistiques.
Pour l'illustratrice Judith Gueyfier et l'association Encrages par exemple, ce sont des actions au quotidien pour faciliter un peu la vie des réfugiés..Merci Judith d'être là. 

https://encrages.org/
D'ailleurs ce ne sera pas forcément en faveur des réfugiés, ce sera peut-être juste à côté de chez soi ou à l'autre bout du monde, il y a tant de manières d'aider, au quotidien, pour être un vrai citoyen. 









mercredi 13 septembre 2017

Paulette + Johnny

Mercredi jour de sortie ! 

Voici mon dernier-né, Paulette + Johnny, publié aux Editions Alice (merci à WonderMélanie) et illustré par la géniale Marie Desbons. 


Paulette + Johnny

Album cartonné, à lire de 6 à 8 ans




Il s'agit d'une histoire qui rappelle aux petits lecteurs que le concept de beauté est somme toute fort relatif...et qu'être beau/belle, c'est avant tout être soi !
(1. oui je sais c'est plus facile d'être soi quand on ressemble à Pippa Middleton...mais bon....)
(2. à partir de 38 ans on commence quand même à avoir besoin d'expédients)


Pour ce projet, j'ai tout de suite imaginé une ambiance rockabilly, années 60. Et Marie a brillamment relevé le défi ! 



Voici les 3 premières double !












Présentation de l'éditeur



La première fois que Paulette aperçut Johnny, elle était en train de discuter avec ses copines. Événement qui cloua aussitôt le bec de la coquette. Depuis ce jour, elle n’a qu’une idée en tête, devenir la plus belle poulette de l’univers pour ravir le cœur de son Johnny, tout droit venu des Amériques !
La voilà qui part à la rencontre de tous les animaux de la ferme, en quête de quelques conseils beauté.
Quelle sera la réaction de l’élu de son cœur ?
Paulette + Johnny, avec ses jeux de mots et ses illus sixties, nous a fait rire dès les premières lignes. On aime particulièrement l’intervention des autres animaux de la ferme qui veulent aider notre poulette à devenir la plus belle du poulailler. Mais finalement a-t-elle vraiment besoin de tous ces artifices ? Le plus important est de rester soi-même !