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vendredi 17 mai 2013

La 30° !

Déjà une trentaine de chroniques relayant la sortie de Sweet Sixteen, sorti il y a un peu plus d'un mois...Pour fêter ça, je copie-colle la plus récente (qui me soit arrivée dans ma boite mail), joliment écrite par Sébastien Almira sur son blog "Culturez-vous'. 

Merci Sébastien ! 



Et si jamais vous aviez l'envie saugrenue de lire TOUTES les 29 autres, c'est ici !






Quel livre ! Quelle histoire ! Et tout ça raconté par une Française. Une Française, Annelise Heurtier, qui s'approprie un pan de l'histoire des États-Unis, le début de la déségrégation, comme si elle y était. Dévoré en deux heures, le temps d'un aller-retour en RER pour aller voir le groupe Texas présenter dans l'émission Le Ring une partie, un peu molle, de son album à paraître, une reprise d'Elvis (le chanteur proscrit dans les beaux milieux, comme vous le lirez dans Sweet Sixteen. Vous voyez que ça a un rapport !), et quelques anciens titres qui ont enfin mis le feu à la salle. Dévoré en deux heures, donc trop court.
C'est le seul reproche que j'ai à faire à ce roman : on en veut encore. Non par voyeurisme, non par sadisme, mais parce que c'est intéressant, parce qu'on a bien compris l'enfer que vivent ces neuf Noirs autorisés pour la première fois à étudier dans une école pour Blancs, mais qu'on aimerait ne pas les quitter là, qu'on aimerait les suivre plus longtemps, pendant l'année et après, suivre leur chemin, les accompagner dans leur lutte contre le racisme et pour la liberté.

Qu'on se le dise, même si certains faits sont inventés par l'auteure, même si les noms ont été changé, il ne faut pas oublier que ces neuf étudiants de 14 à 17 ans ont vraiment vécu cette aventure hors du commun, pour laquelle il leur a fallu un courage inouï. Quelque fois, j'ai fait le rapprochement avec le mariage pour tous qui, en ce moment, déchaîne des flots de haine incompréhensibles alors qu'il s'agit simplement de la liberté d'une partie de la société. Dîtes-vous que lorsque la Cour suprême des États-Unis rend inconstitutionnelle la ségrégation raciale dans les écoles publiques, le principe fût le même, sauf que les antis étaient autrement plus nombreux (85% de la population) et surtout autrement plus violents. Et franchement, ça fait peur.


« Elle avait beau avoir grandi dans ce quotidien-là, elle était tout à fait consciente de l'iniquité de la situation. La vie des Noirs semblait être faite d'un ingénieux assemblage d'injustices courantes, ne visant qu'à une chose : les maintenir à leur place, c'est-à-dire sous les semelles des Blancs.
« Séparés mais égaux », promettait glorieusement la loi depuis quatre-vingt ans. Quelle foutaise. Et pas seulement dans les écoles. Les exemples étaient légion. Les toilettes pour Noirs, dans les magasins ? Encore fallait-il les trouver, reléguées au fond d'un dédale de couloirs sombres et sales. Les fontaines d'eau qui leur étaient réservées ? Poussiéreuses et jamais nettoyées.
Pourquoi la justice avait-elle édictée une telle loi si c'était pour la laisser fouler aux pieds sans même lever le petit doigt ?
C'est peut-être pour cela, et aussi parce que sa grand-mère Shiri l'avait élevée dans l'idée que les Noirs méritaient les mêmes chances que les Blancs, que Molly s'était déclarée volontaire pour intégrer le Lycée central, trois ans auparavant. » pages 23-24

C'est Molly que nous allons suivre un chapitre sur deux dans Sweet Sixteen. Dans l'autre moitié, nous suivrons Grace, une jolie blonde dont les mères de ses amies sont les principales chefs de file de la Ligue des mères blanches, groupe de bitch prêtes à tout pour empêcher neuf adolescents noirs d'intégrer un lycée où ils seront de toute façon largement noyés au milieu de plus de deux-mille Blancs. Deux-mille Blancs dont la quasi totalité sont eux aussi prêts à tout pour pourrir la vie à ces neuf Noirs. Et au milieu d'eux, Grace qui se demande à quoi peut bien rimer toute cette haine et si elle ne met pas à mal ses propres idées en tombant amoureuse d'un beau garçon qu'elle soupçonne de participer à de violentes actions racistes.


Sur à peine plus de deux-cents pages, Annelise Heurtier nous raconte l'année scolaire avec une force étonnante et sans pathos. Le but n'est pas de faire pleurer dans les chaumières, mais de relater un épisode tragique mais salvateur, sans en enlever la violence et sans y rajouter de fioritures. Et je dois dire que le but est atteint à la perfection.
L'auteure demande avec humour dans son mot final si nous sommes prêts à recommencer, à la lire de nouveau. Si ses deux autres romans sont aussi impressionnants, je ne marche pas : je cours.

« Le cœur de Molly se mit à battre la chamade. Ils avaient beau faire partie de quelque chose de grand, de juste, quelque chose qui les dépassait, il n'en restait pas moins que, maintenant, c'était à eux seuls de se lancer. À eux de le vivre.
La porte de la voiture s'ouvrit sur des cris assourdissants.
Molly plaqua ses mains sur ses oreilles et suivit ses compagnons en direction de la porte, sous les huées de la foule contenue par les policiers. Elle s'engouffra à l'intérieur comme on se rue dans un abri pendant l'orage. La porte se referma dans un claquement métallique, et les hurlements devinrent plus lointains. Molly écarquilla les yeux. Ils avaient réussi. Ils étaient entrés. » page 109

À vous d'entrer.
Sebastien Almira



1 commentaire:

Sardine a dit…

Formidable cette lecture-là !
Et oui, Sébastien : les autres sont aussi impressionnants, alors foncez :-)